Le silence est d’or, la parole est d’argent.
Je suis passionné d’art oratoire depuis plusieurs années. J’apprends ainsi à être plus percutant, plus convaincant et – j’espère – plus sympathique à la fois. Un bel apprentissage, incomplet au demeurant.
Car je parle toujours trop.
Apprendre à se taire quand c’est nécessaire est une qualité clé, surtout si la parole démange alors.
Voici 6 raisons pour lesquelles apprendre à la fermer.
Évitez de blesser involontairement votre entourage
« L’ignorance est la pire des souffrances » me répétait-on, enfant. Cela m’a toujours poussé à répondre rapidement à mes messages pour éviter de blesser mes proches.
Mais cette affirmation n’est pas tout à fait correcte.
J’ai découvert qu’il est parfois préférable de retarder ma réponse, surtout lorsque je m’apprête à dire quelque chose d’impulsif ou émotionnel. J’ai blessé des proches dû à mes des émotions incontrôlées et je l’ai rapidement regretté. Une fois le mal fait, le réparer prend du temps.
Mettez votre téléphone de côté, allez vous promener ou laissez même passer la nuit, puis répondez. La différence sera de taille – j’aurais aimé commencer à faire ça plus tôt.
Note : je ne dis pas que vous ne devriez jamais montrer des émotions négatives. Mais maîtriser quand le faire est une excellente compétence à acquérir, tant sur le plan professionnel que personnel. Choisissez quand vous voulez que le monde sache que vous êtes en colère. Ne le montrez pas par défaut.
Choisissez vos batailles – évitez les disputes inutiles
Certains combats n’en valent tout simplement pas la peine. Peut-être savez-vous dès le départ que l’autre personne ne cédera pas. Ou peut-être que convaincre l’autre coûterait tant à votre relation que le prix à payer en devient trop lourd. Mieux vaut donc s’abstenir.
Or j’écris cela en tant que débatteur de longue date. J’adore débattre, argumenter et discuter. Je suis allé à des concours d’éloquence où c’en était l’objectif même. Je dois l’admettre, une partie de moi recherche même le conflit pour me bousculer et me faire évoluer et réfléchir.
Mais certaines disputes n’en valent tout simplement pas la peine. J’apprends donc peu à peu à prendre du recul pour me demander : « Est-ce que cela vaut mon énergie ? Que va-t-il ressortir de cette discussion ? ».
Bien souvent, vous vous rendrez compte qu’il vaut mieux ne pas argumenter et laisser couler.
Choisissez vos batailles avec sagesse.

Laissez vos actions parler d’elles-mêmes
Choisir d’éviter une dispute ne signifie pas que vous abandonnez votre position.
C’était un choc pour moi de lire la loi n°9 des 48 lois du pouvoir de R. Greene :
Gagnez par vos actions, jamais par vos arguments.
– Loi n°9 des 48 lois du pouvoir – Robert Greene
Parfois, les gens veulent simplement être entendus, ce qui est un besoin humain légitime. Les désaccords les privent de ce besoin et les inquiètent quant à leur autorité, qu’elle soit fantasmée ou non.
Le conseil de Greene est de parfois faire semblant d’être d’accord avec quelqu’un, d’acquiescer alors qu’il vous ordonne de faire quelque chose que vous savez être faux. Et ensuite, de faire ce que vous aviez en tête quand même. Une fois de bons résultats obtenus, il est peu probable que vous en soyez puni. Et si vous êtes un fin communicant, vous leur accorderez du crédit et leur ferez oublier qu’ils vous ont poussé dans une autre direction au début.
Dans certaines situations cependant, il sera trop risqué de désobéir à un ordre. Alors autant le suivre. Les disputes sont parfois de simple manifestations de l’orgueil. Vous devrez peut-être mettre le vôtre de côté si vous tenez à votre tête.
Note : c’est particulièrement vrai lorsqu’on fait face à des égos surdimensionnés. Vous devrez faire attention à la manière dont vous présentez vos résultats, sinon vous risquez de blesser leur fierté de par vos succès. Les égos surdimensionnés sont naturellement attirés par les positions de pouvoir. Prenez garde aux ennemis que vous vous faites.
Si vous n’avez rien à dire, ne dites rien
Ok
– Votre crush
Yep. La réponse vient de tomber. Et elle n’apporte pas grand-chose à la conversation, pas vrai ? Eh bien, l’intention derrière ce « ok » était probablement d’y mettre fin. Difficile de rebondir à présent.
La meilleure réponse est devant vos yeux : ne dites rien.
C’est tentant de relancer la conversation, surtout lorsqu’on en attend quelque chose.
Peut-être que vous êtes dans un cadre professionnel – ce « ok » ne signifie pas que votre travail n’a pas été apprécié, vous savez votre manager sous haute pression en ce moment.
Peut-être que vous êtes dans un cadre personnel – si vos tripes vous disent qu’elle n’est pas intéressée, peut-être devriez-vous leur faire confiance.
Il y a des moments où il faut insister et ne pas abandonner bien sûr. La ténacité est une très belle qualité mais elle doit être couplée à un fort sens critique pour déterminer quand il vaut mieux s’arrêter. La plupart du temps, accepter que la conversation est terminée est la meilleure chose à faire. Refermez votre téléphone et reprenez vos activités. La pire chose à faire est de se perdre en une boucle de questionnements qui n’apportera rien de bon – inutile de se torturer.

Développez votre écoute active
Ne coupez pas la parole. Qu’importe votre genre, votre sexe ou votre âge. Interrompre est simplement impoli et frustrant. Bien sûr, si quelqu’un bullshit allègrement et gaspille le temps précieux de tout le monde, il peut être nécessaire d’interrompre. Mais sinon, laissez les gens exprimer leur opinion. Laissez-les suivre leur processus de réflexion jusqu’au bout. Si vous avez peur d’oublier votre point, travaillez sur votre mémoire tout en écoutant les autres.
Au passage, se contenter d’acquiescer de la tête jusqu’à ce que l’autre ait fini ne suffit pas. Surtout si c’est pour sauter sur ce qui vous démangeait de dire depuis plusieurs minutes. C’est très agaçant et pousse votre interlocuteur à se dire : « Pas un mot de ce que je viens de dire n’a été écouté ». Et ne vous dites pas que les gens ne le remarqueront pas – oh que si. Cela vous fera perdre beaucoup de points, que ce soit avec votre partenaire, votre patron, vos collègues ou vos amis.
Ayez foi en vos discussions : les gens partagent des idées intéressantes – pour peu qu’on les laisse s’exprimer.
Parlez moins et gagnez en impact
Vous connaissez certainement déjà la statistique : 60 à 70 % de la communication est non verbale. Cela signifie que votre posture, votre gestuelle, votre regard et votre respiration font principalement le travail. On devrait donc probablement se concentrer davantage sur ces aspects que sur la manière dont on parle (voir mon article précédent sur les bénéfices de la danse).
Prononcer davantage de mots peut même risquer de diluer votre message, car il est déjà véhiculé par la communication non verbale.
Parler moins a également l’avantage de laisser plus de place à l’imagination – ne sous-estimez jamais la puissance de l’imagination. Il peut sembler effrayant de laisser place à l’imagination. Ça ne devrait pas. Un discours bien construit laisse toujours son auditoire compléter mentalement certaines parties du message.
Faites confiance à l’intelligence d’autrui – et émerveillez vous du résultat.
Le mot de la fin
Un ami qui m’est cher m’a dit un jour : « ta présence est ta plus grande qualité, c’est aussi ton plus gros défaut ».
Trouver l’équilibre entre animer une conversation et la dominer est un combat de tous les jours.
Je continuerai à y travailler 🎙️